Comment va-t-on le saluer ? La perspective d’une rencontre avec le Père Michael fait naturellement surgir une appréhension. Ses crochets métalliques au bout des bras rendent le geste délicat… Toute gêne disparue et est vite balayée par les premiers moments de sa présence dans notre maison. Les 150 élèves viennent écouter son histoire. Le Père Michael dit : « (…) Je voudrais vous inviter à venir me rendre visite au Cap en Afrique du Sud. Vous êtes prêts à venir ? Et lorsque vous arriverez au Cap, vous serez très surpris car on vous emmènera à la maison Don Bosco. Et donc comme ça, vous serez surpris de voir que même au Cap vous serez chez vous. Et merci à mon frère Raphaël de nous avoir rappelé les 3 paroles principales de Don Bosco qui se résume en CROIRE, AIMER, ESPERER.
Combien d’entre vous ont vu le film sur youtube https://youtu.be/muJgx0TO48s qui raconte mon histoire ? Donc certains d’entre vous connaissent un peu mon histoire. Et bien sûr, chacun de nous a une histoire à raconter sur lui-même. Et chacun de nous peut parler de 3 parties de notre histoire, quel que soit notre âge. Nous pouvons tous raconter une histoire sur ce que nous avons fait dans notre vie jusqu’à aujourd’hui, toutes les belles choses qu’on a faites, et toutes les choses moins belles qu’on a faites. Puis, il y a la deuxième partie de notre histoire à chacun d’entre nous, ce qui m’a été fait de la part de d’autres personnes : les gens qui m’ont aimé, qui ont été généreux avec moi mais aussi les gens qui ont été horribles avec moi, et certaines des choses terribles sont des petites choses qu’on oubliera demain. Mais certaines sont plus graves et continuent de nous blesser. Chacun de nous a une troisième part de son histoire, ce sont les regrets. Si seulement je n’avais pas fait ceci ou cela, si seulement je n’avais pas dit cela. L’adulte qui dit quelque chose à un élève qui rentre chez lui le soir et qui dit je n’aurais pas dû lui dire cela. Et peut-être que demain vous aurez le courage de dire : excuse-moi. Et donc plus tard, je suis devenu prêtre.
Et quand je suis devenu prêtre, mon frère m’a envoyé un message : « tu peux être prêtre et clown ». Même aujourd’hui j’aime bien faire rire les gens. Mais moi j’ai senti que Dieu m’appelait à devenir prêtre. J’avais le sentiment que Dieu m’appelait à rejoindre une communauté de frères comme les salésiens ou les jésuites, et moi j’appartiens à une autre église qui s’appelle l’église anglicane. Et dans mon église, les prêtres sont libres de se marier à moins qu’ils se sentent appelés par Dieu à rejoindre une communauté de frères.
Et à 17 ans, j’ai décidé de quitter mon pays de naissance pour répondre à l’appel de Dieu, l’appel de Jésus à le suivre. J’ai donc fait ma formation de prêtre et j’ai rejoint une communauté en Australie. Cette communauté s’appelle la Société de la Sainte Mission. Dans cette communauté, j’ai prononcé mes vœux de ne pas me marier, de rester célibataire, de partager ce que nous avons comme richesses entre nous mais aussi d’obéir. J’ai décidé de ne pas simplement faire ce que moi j’avais envie de faire, mais de faire ce que la communauté choisissait de mieux pour la communauté. Et donc quand je suis devenu prêtre, les frères m’ont demandé ce que j’aimerais faire. Et je leur ai dit j’aimerais bien aller travailler au Japon. Ils m’ont répondu : « Oh mais c’est merveilleux, on va t’envoyer en Afrique du Sud ». Et revoilà les vœux d’obéissance, j’ai dit « ok ». Je suis donc parti en Afrique du Sud. C’était une époque terrible en Afrique du Sud. Et ceux qui ont vu le film auront constaté qu’il y a des images de violences, des gens qui meurent après avoir reçu des balles par la police. (…)
La rencontre continue avec des questions des jeunes. Ils ont pu profiter d’un temps de réflexion avec son voisin sur ce qui a été dit. Et voilà, nous avons eu l’occasion d’écouter un père Michael désarmé mais toujours combatif. Ou puise-t-il cette force grâce à laquelle il ne s’est pas laissé abattre ? Même submergé par la douleur ou dévasté par la conscience du mal, il n’a pas éprouvé de colère contre ce Dieu auquel il croit depuis sa plus tendre enfance même quand sa foi s’est parfois effondrée : face au système de l’apartheid, face aux meurtres d’enfants et de jeunes en 1976. (…) « A partir de ces moment-là, j’ai commencé à lire la Bible différemment, à partir de la perspective des opprimés. »
Nous le remercions pour sa présence parmi nous et nous l’attendons car en partant, il nous a confié qu’il reviendrait à Marseille.
R. JANIEC
Après la rencontre les jeunes ont partagé leurs réflexions et sentiments : Témoignages