Nous poursuivons nos rencontres « des racines et des ailes » que nous avons commencées avec Mme Françoise CALVET, professeure et directrice des Etudes, et avec Mme Jacqueline DUBROIS, l’une des premières femmes à avoir travaillé dans notre maison.
L’année dernière, nous avons accueilli M. Michel GUERY un Conseiller Principal d’Education à la retraite depuis 2009.
Cette année, c’est au tour de M. Jacques MONIER élève de 1952 à 1954 qui après un bref travail hors de Don Bosco a été sollicité en 1964 pour devenir moniteur. Après avoir passé le concours, il est devenu professeur à Don Bosco.
C’est dans une atmosphère détendue qu’ont commencé les premiers échanges entre M. Monier et les élèves :
M. Monier : (…) Je suis parti à la retraite le 30 avril 1995. J’étais toujours actif dans le bureau de l’Association des Anciens Elèves de Don Bosco et je ne jamais quitté le lieu que j’ai créé depuis mon adolescence.
Safiya : Quoi ? Vous étiez élève en 1952 ? Excusez-moi, quel âge avez-vous ? M. Monnier : J’ai 88 ans.
Safiya : Je vous donnerai 50 ans.
M. Monnier : Tout le monde me dit ça donc je vais commencer à le croire.
Monnier témoigne : (…) Je suis né à Marseille et j’étais élève de 1952 à 1954 après je suis allé travailler en ville en 1954. De 1956 à 1958, j’ai fait mon service militaire puis je suis revenu à Don Bosco. En 1959, je suis allé travailler chez RICARD où j’ai continué à travailler jusqu’en 1963 et après je suis rentré à Don Bosco et j’y suis resté jusqu’à ma retraite.
La journée type de mon époque c’était 8h00-12h00 et 14hOO – 18h00 avec les jeux collectifs obligatoires de 13h à 14h. De 8h à 9h heures de cours et de 9h à 12h c’était le temps des ateliers et l’après -midi de 14h à 16h45 on avait atelier.
Les cours avaient lieu du lundi au samedi. Le samedi nous finissions les cours à 16h. J’avais le droit de partir vers 16h chez moi à la maison.
(…) Tous les profs étaient des religieux ou religieuses. Il n’y avait quelques laïcs mariés mais que des hommes. Pour les orphelins, les religieux étaient comme « des papas » et les religieuses comme « des mamans ». Il était courant pour les orphelins de dire que l’Oratoire Saint Léon était leur maison. Les appartements se trouvaient dans les actuelles salles A 206 et A 207 et étaient dédiés pour les anciens élèves qui ne pouvaient pas se loger, ils avaient le droit d’habiter pendant un an.
(…) Il y avait aussi le patronage où les gens des quartiers venaient jouer, prier et s’amuser le weekend. Il se trouvait à la place de l’atelier de mécanique qui est situé à côté de l’accueil d’aujourd’hui. Où se trouve la salle des professeurs, c’était le parloir pour ceux qui avaient des parents. Les élèves pouvaient rencontrer les parents le jeudi après-midi.
(…) Les vacances commençaient le 14 juillet et le retour des vacances se faisait le 1er octobre. Il n’y avait que les vacances de la Toussaint, de Noël et de Pâques…
(…) Zoé : Il n’y avait pas de filles à l’époque ?
M. Monier : Non, les premières filles sont arrivées en 1990.
Roxane : C’était ici comme dans le film « Les choristes » ?
M. Monier : Oui, il avait la gymnastique, les fanfares et nous faisions des spectacles. Roxane : Pourquoi il n’a pas plus de filles à Don Bosco ?
M. Monier reprend : Nous proposions des métiers qui attiraient beaucoup de garçons. Ce n’est pas notre faute. Les filles n’étaient pas intéressées par ces métiers.
(…) Malgré que je fusse demi-pensionnaires, je revenais le dimanche pour jouer au foot avec mes collègues pensionnaires. Il y avait une très belle amitié que nous avons créée à l’époque.
(…) A mon époque, il n’y avait que trois notes : CONDUITE, TRAVAIL, APPLICATION et si les notes n’étaient pas correctes la sanction était une colle le dimanche matin. Ils n’y avaient que quatre notes de 6 à 10. Ex : si quelqu’un a obtenu 3 x 6, la sanction était une colle le dimanche matin.
Pas de sortie le dimanche pour ceux qui n’avaient pas de notes correctes. J’avais des collègues qui ne sortaient pratiquement pas de Don Bosco. Ne vous inquiétez pas, c’était il y a 70 ans.
(…) Au rez-de-chaussée, le bâtiment C avait une imprimerie, au première étage c’était les reliures et au dernier étage c’était les tailleurs et cordonniers.
Le bâtiment à coté il y avait de la mécanique, de la menuiserie et de la boulangerie qui était bien pratiquée pendant la guerre. Juste pour une anecdote à 17 heures tous les jours était servi le goûter pour tout le monde avec des sucreries fabriquées par les élèves eux-mêmes à la boulangerie. Nous avons été 250 élèves.
A imprimerie, il n’y avait qu’un seul poêle qui chauffait tout l’atelier.
Nous remercions M. Jacques Monier de donner de son temps à notre jeunesse afin qu’elle puisse relativiser nos exigences pédagogiques et qu’elle puisse, avec une joie sans cesse renouvelée, continuer à transmettre l’esprit de Don Bosco aux futures générations. R. JANIEC