Le père Olivier vient régulièrement rencontrer des jeunes et des apprentis dans notre maison. Le rendez-vous a commencé par la présentation de chaque participant : prénom, le quartier d’où il vient, les défis qui l’attendent dans l’avenir proche et lointain etc….

 Ma vocation

Père Olivier : Je suis prêtre depuis 22 ans dans la communauté Jean-Joseph Allemand rue St-Savourin 13005. Je suis rentré dans la communauté pour me mettre aux services des jeunes. J’avais découvert cette joie d’une vie donnée quand j’avais été animateur de jeunes, et j’avais envie que ma vie soit dans cette dynamique.

Je ne suis pas tout de suite rentré au séminaire, l’école pour être prêtre, car je pensais que je n’étais pas assez bien pour être prêtre, je pensais que c’était des hommes exceptionnels, alors qu’en fait je me suis rendu compte que c’était des types normaux, même si les gens les idéalisent. Il y a des gens bien, et des pauvres types, donc je pouvais me permettre sans prétention de proposer de l’être.

Ma motivation pour être religieux et prêtre est assez égoïste : c’est pour être heureux ! Je ne fais aucun sacrifice

Je fais des choix qui impliquent des renoncements, mais c’est pour être heureux et pour avoir une vie qui me plait et qui me semble être bonne pour moi avant tout.

Grâce aux lieux d’Église que j’ai fréquentés, j’ai compris que le plus grand bonheur c’est d’avoir une vie tournée vers les autres. La religion qui nous rappelle que Dieu est présent dans ma vie. Pas de Dieu juge mais celui qui nous aime.

 Pour être heureux

Un jeune : Votre définition de bonheur ? Chacun à sa définition. Le  bonheur c’est ma famille mais être juste au milieu pour n’est pas être dans les excès.

Père Olivier : Pas le plaisir mais le partager avec les autres. Plus être attentif aux besoins des autres sans être égoïste je ne suis pas dans le jugement. Ça me rend heureux et je voudrais partager avec les autres.

Un jeune : chacun a son bonheur !

Les questions viennent spontanément – pas de tabou

Un jeune : Quel âge avez-vous ?

Père Olivier : Cinquante et quelques !

Un jeune : Non, vous ne les faites pas. Vous faites jeune. Je vous donnerai 35 ans mais pas cinquante.

Père Olivier : Tu vois, ça conserve la religion.

(…) Quand je rencontre les jeunes en prison ou ailleurs, je leur souhaite qu’ils arrivent à faire les bons choix au bon moment pour ne pas passer leur vie à regretter car on voit tellement de gens qui arrivent à mon âge vers 50 ans et qui regrettent de ne pas avoir fait les bons choix. Ils remettent tout en cause, de s’être plantés et en fait à votre âge, il est temps de réfléchir à ce que vous voudriez construire dans la vie. Qu’est qui fait que ma vie soit bien vécue ?

Un jeune : Est-ce que vous avez déjà commis un péché ? Vous avez insulté quelqu’un ?

Père Olivier : Oui, bien sûr je prends des sens interdits tout le temps, je peux dire du mal de quelqu’un, de ne pas assez aimer ceux que je devrais aimer.

Un jeune : Que pensez-vous du racisme ?

La rencontre se déroule dans la spontanéité avec des questions créatives

Un jeune : Parlons un peu de la relation garçons-filles ?

Père Olivier : Un garçon qui a du succès auprès des filles, ça sera valorisé. Une fille qui a du succès auprès des garçons, assez vite on dira que c’est une pute, que c’est une salope. C’est quand même bizarre, elle va vite être jugée et on va lui mettre une étiquette. Elle va avoir peur qu’il se passe quelque chose de négatif dans sa vie mais pour le garçon, on fait plus confiance. Tu as raison c’est bizarre.

Un jeune : Mon voisin ne veut pas que sa fille fréquente les garçons. Donc, à quel âge elle va les fréquenter ? À 47 ans ? Ça me dégoute les parents comme ça ! Ils ne peuvent pas laisser leurs enfants faire leurs propres choix ?

Père Olivier : C’est vrai que certains parents sont trop protecteurs mais ils ont peur de laisser une porte ouverte et que ça se passe mal ; ils vont culpabiliser après.

Ils sont moins inquiets pour les garçons ; ils ont plus d’armes pour se défendre.

Et une fille face à la société et face aux mecs elle va prendre plus de risques.

Tu réfléchis comme ça mais quand tu auras une fille et que tu seras papa, tu vas résonner autrement. Tu te diras je dois la protéger mais ça sera pas la même relation qu’avec ton fils.

Un jeune : j’aime bien cette rencontre ; il n’y a pas tabou et en plus vous parlez bien. Revenez quand vous voulez ! Merci d’être venu vous parlez de la vie.

La séance arrive à sa fin il y a encore beaucoup des questions à aborder mais un petit temps de bilan s’impose. Paroles des jeunes

R.JANIEC