Sœur Christine POUSSET, aumônière du quartier des femmes aux Baumettes et M. Rouzet professeur dans notre maison ont rencontré les jeunes pour parler de leur manière de répondre à l’appel de l’Evangile qui nous dit : « J’étais prisonnier et vous m’avez visité” (Mt 25, 36).

Nous commençons notre rencontre avec des souvenirs de nos relations avec la maison d’arrêt et prisons de Marseille car notre établissement avait des liens avec le quartier des femmes aux Beumettes grâce au père Charles Delemontex, salésien de Don Bosco, qui y était aumônier.  Dès  1975 et jusqu’en 1995, il les visitera ; vingt ans durant lesquels il a été fort apprécié à cause de son humour, de son style direct et surtout de son esprit salésien et sa proximité directe et fraternelle auprès des prisonnières. Il a souvent  témoigné que « Ma vision de la prison a changé. Je sais que derrière ces murs et ces barreaux, il y a des vies. »

Sœur Christine se présente « (…) Je suis religieuse. J’ai perçu peu à peu l’appel du Seigneur à témoigner de son amour universel pour tout homme. Je me suis engagée dans une communauté avec d’autres sœurs, d’autres femmes qui ont entendu le même appel que moi et ont décidé d’y répondre. Nous sommes engagées les unes avec les autres par les vœux de pauvreté  c’est – à – dire qu’on ne garde pas ce qu’on gagne et qu’on partage tout ce qu’on a. Le vœu de chasteté c’est-à-dire une manière d’aimer, non pas en couple mais en frères et sœurs avec tout homme et toute femme.  Le vœu d’obéissance à mes supérieures qui m’envoient en mission. Je décide de ne pas décider toute seule de ma vie. Je porte une alliance car je me suis engagée pour toute la vie. Donc à Marseille, je vis avec quatre sœurs. On vit comme une famille, on prie tous les jours ensemble. Nous avons décidé de vivre l’hospitalité et d’accueillir des migrants. Nous avons une chambre pour les personnes qui ont besoin d’être logées temporairement. Notre Congrégation s’appelle Les sœurs auxiliatrices des âmes du purgatoire.

Les aumôniers peuvent être prêtres, religieux  ou laïcs comme Nicolas ou M. Janiec. Ce sont des chrétiens qui sont au service des personnes qu’ils rencontrent pour les aider à vivre leur foi chrétienne.

L’aumônier de la prison ne travaille pas seul, il est entouré d’une équipe : c’est important car c’est à plusieurs qu’on porte l’Évangile.

Nicolas : Je suis auxiliaire d’aumônerie. Je vais au quartier des femmes six heures par mois. Au début, Christine m’a expliqué qu’elle voulait faire un atelier de jardinage avec les femmes. Mais je n’avais pas très bien compris qu’elle comptait sur moi. Quand j’ai compris, j’ai dit oui. Mais l’administration pénitentiaire a refusé (utiliser des outils tranchants aurait posé un problème de sécurité). Nous avons alors proposé un autre projet, un projet d’atelier d’écriture qui lui a été accepté par l’administration. En plus de cet atelier, je vais aussi à la messe des détenues.

Nous avons aussi organisé une sortie à l’île de Lérins (un monastère en face de Cannes) avec cinq femmes en permission (l’une d’entre elles sortait pour la première fois depuis cinq ans elle n’en revenait pas simplement de se retrouver en liberté pour prendre un café sur une aire d’autoroute !). Est-ce que les gens que nous croisons se doutent que nous sommes des détenues ? demandait-elle…

Nous avons rencontré les moines à Lérins et prié avec eux.

Parlons de la religion en prison dit sœur Christine : (…) en France, la loi sur la laïcité encadre et règle la place des religions dans la société. Dans les lieux où les gens ne peuvent pas sortir ( prisons, hôpitaux, casernes), l’état garantit l’accès aux cultes de son choix. Il y a sept cultes agréés par l’état français. Nous intervenons à la demande des personnes incarcérées.   

Nicolas : les prisonniers ils ont le droit de pratiquer leur religion mais ils n’ont pas le droit d’afficher des signes religieux car ils doivent respecter la laïcité.

Questions de jeunes : est-ce qu’elles ont des obligations de porter des masques ? Est-ce que les normes sanitaires contre le virus sont appliquées en prison ? Depuis combien de temps êtes-vous aumônière à la prison ?

Gardez –vous contact avec les anciennes prisonnières ?

Qu’est-ce que ça vous apporte pour votre foi, pour votre vie ? Quel est le programme de la journée en prison ? Quelle est différence entre prévenu et condamné ?

Sœur Christine : Ça m’a apporté beaucoup. Je reçois plus que ce que je donne. Je suis émerveillée de voir que la personne qui vit une telle épreuve continue de vivre et d’espérer, malgré l’accumulation de toutes les épreuves, des soucis, tout ça. Je suis vraiment témoin que Dieu ne lâche pas et qu’elles sont capables de se relever, d’avoir de l’espérance. La parole de Dieu fait un chemin dans leur cœur. Pour moi, je suis envoyée par l’Eglise et le Christ dit : « J’étais en prison et vous m’avez visité ». Pour moi, chaque personne c’est comme le Christ.

Nicolas : Parfois je me pose la question, est-ce que Dieu existe ? Une fois, une femme m’a répondu (une prostituée) : Il existe ! Moi, j’en suis certaine, car toutes les fois où j’étais en danger, où je croyais que j’allais mourir, j’ai prié, je me suis adressé à Lui. Et je me suis sentie immédiatement protégée.

Les gens que je rencontre là-bas ont des vies bien plus dures que la mienne, on a du mal à réaliser la réalité qui fait leur vie…

 Après la rencontre, des initiatives sont proposées : aller animer la Messe avec les étudiants de BTS, et pour Noël faire des cartes de Vœux, des cartes de fraternité pour les prisonniers par la section d’Industrie Graphique.

N. ROUZET, R. JANIEC

Témoignages des jeunes