J’irai à Marseille, pas en France

Le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, a prononcé un discours de bienvenue au pape François retraçant notamment l’histoire de la basilique si chère aux Marseillais. « Dès votre arrivée, vous avez voulu faire comme nous faisons ici, chaque fois qu’un événement heureux ou malheureux surgit dans notre existence. Nous montons sur cette colline pour nous confier à la Vierge Marie que nous appelons Bonne Mère ».

Le pape François l’a confirmé dimanche 5 janvier 2023 dans l’avion de retour de son voyage en RDC et au Soudan du Sud, il se rendra bien à Marseille le samedi 23 septembre prochain. Une nouvelle accueillie favorablement par le maire de la ville, Benoît Payan :

 » Le pape a un message d’humanité très fort, il tient particulièrement à la Méditerranée, il tient particulièrement à ce qu’on soit attentif aux plus fragiles.

Et comme nous il a envie de tendre la main à ceux qui n’ont pas grand-chose ou ceux qui n’ont rien et je suis très fier de ça ! »

Les trois arguments qui ont convaincu le pape de se rendre à Marseille

Trois grands arguments qui ont convaincu le pape. D’abord « le fait que cette ville est peut-être l’une des dernières villes cosmopolites du pourtour méditerranéen« , remarque Jean-Marc Aveline. « Autrefois, Alexandrie l’était, Istanbul l’était, Beyrouth l’était, mais aujourd’hui ces villes-là sont beaucoup plus unifiées culturellement. Je lui ai décrit ce laboratoire impressionnant de présence musulmane, juive, arménienne, comorienne, sans compter les Libanais, les Chaldéens, etc. » Mgr Aveline n’a pas manqué de décrire les fortes disparités économiques de la ville.

L’archevêque de Marseille a aussi rappelé au souverain pontife l’importance de la ville dans l’histoire de la mission. Au XIXe siècle, les prêtres envoyés en mission partaient du port de Marseille et faisaient halte juste avant à la basilique Notre-Dame de la Garde.

Un argument, en particulier, a suscité l’intérêt du pape. Mgr Aveline a présenté la ville de Marseille comme l’une des « périphéries de l’Europe« .

Marseille, c’est une façon d’être en Europe et de s’adresser à l’Europe depuis l’une des périphéries de l’Europe, nous dit Mgr Aveline. Marseille, que l’histoire a souvent décrite comme porte de l’Orient, et qui est souvent aujourd’hui pratiquée par des personnes migrantes ou réfugiées comme porte de l’Occident peut aussi constituer un lieu d’où le pape peut s’adresser à l’Europe depuis l’une de ses périphéries. »  « J’ai senti que toutes ces idées-là, surtout cette dernière, avaient de l’écho chez lui.« 

Tout juste les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) de Lisbonne finies, le pape François pense déjà à sa prochaine visite, à Marseille. « J’irai à Marseille, pas en France« , martèle-t-il lors d’une conférence de presse dans l’avion le ramenant de cet événement.

Ce ne sera donc pas une visite d’Etat, les enjeux sont tout autre. « Le problème qui me préoccupe c’est le problème méditerranéen, c’est pourquoi je vais en France. L’exploitation des migrants est criminelle« , a insisté le pape de 86 ans, qui a fait de la question migratoire une pierre angulaire de son pontificat.

Le pape affirme que « j’irai à Marseille, pas en France » il a tout compris de cette belle ville. Combien de fois j’ai entendu de la bouche des jeunes issus de l’immigration, « je suis Marseillais et fier de l’être. Ce qui se passe en France ça ne m’intéresse pas car je suis Marseillais et je m’identifie avec la ville où je vis, pas avec le pays. »

C’est un patriotisme local très respecté.

Marseille est une ville cosmopolite. C’est un peu comme une salade de fruits.  Parfois, nous rêvons que l’autre soit tout pour nous, comme des pommes sur le pommier où chacune est finalement pour soi et le soleil pour tous ou comme des fruits dans une même corbeille : il y a diversité mais seulement de manière juxtaposée. Mais dans une salade de fruits, chacun reste lui-même : poire, pomme, banane.

Et chacun bénéficie du goût propre de l’autre.

Mais à une condition : accepter d’être coupé en quatre, en dix ou douze morceaux si l’on est un beau et gros fruit. Seuls les très humbles restent entiers : une cerise, un grain de raisin.

Nous irons à la découverte de l’autre, forcément différent parce que la différence est humaine afin de vivre la fraternité.

« En vous accueillant pour votre première messe en France, nous nous sentons, comme on dit ici, à jamais les premiers« , Mgr Aveline a lancé sous les acclamations du public en hommage à la Ligue des champions remportée par le club phocéen en 1993.

La dernière visite d’un pape à Marseille remonterait à 500 ans. Le chef de l’Église catholique a fait savoir qu’il ne s’agirait par d’une visite en France, c’est la Méditerranée qu’il vient voir. La raison de sa visite, ce sont les Rencontres méditerranéennes, une semaine d’échanges entre les évêques des cinq rives de la Méditerranée. Ce voyage se situe donc dans la « théologie de la Méditerranée« , qu’il esquissait en 2019 lors d’un colloque à Naples, une théologie de l’accueil et du dialogue dans un territoire complexe, métissé, berceau des trois grands monothéismes.

Lampedusa, Lesbos, Rabat, Jérusalem, Tirana… Le pontificat du pape François a été marqué par un grand nombre d’étapes en Méditerranée.  Cette visite du pape à Marseille, cela fait donc quelques années que l’on en parle.

Déjà en 2021, l’archevêque de la ville, Mgr Jean-Marc Aveline, qui n’était pas encore cardinal, en parlait au micro de Radio Vatican. Il venait de discuter pendant une heure avec le souverain pontife, un entretien au cours duquel ils ont abordé la question d’une visite dans la cité phocéenne. « On a discuté sur le sens que pourrait avoir une étape à Marseille dans son long pèlerinage méditerranéen. »

Des Papes à Marseille

Si Innocent IV aurait été le premier pape à fouler le sol marseillais, en 1251, pour s’embarquer vers Rome, c’est Urbain V qui marqué, jusqu’à aujourd’hui, le paysage de Marseille. Abbé de Saint – Victor, il devient pape en 1326. On lui doit l’aspect actuel de l’abbaye Saint-Victor, avec les renforcements de ses fortifications, la construction de la tour Urbain V et du chevet. C’est sans succès qu’il essaya de rétablir le siège de la papauté à Rome. Mort à Avignon en 1367.

Son successeur Grégoire XI séjourna à Marseille lorsqu’il transféra son siège et sa cour à Rome, où il mourut en 1378.

Clément VII passa par Marseille pour gagner Avignon en 1379, marquant ainsi le début du grand schisme d’Occident qui prit fin en 1418.

Benoît XIII, élu en 1394, dernier pape d’Avignon, séjourna à deux reprises à Marseille, au tout début du XVe siècle.

Jules de Médicis, né à Florence, abbé de Saint-Victor, devient pape sous le nom de Clément VII en 1517. Il est le dernier pape à venir à Marseille en 1533 pour le mariage du futur Henri IV avec sa nièce Catherine de Médicis

Les participants à la rencontre avec le pape

Daniel G : Quel cadeau avons-nous partagé samedi, rassemblés autour du Pape François, dans cet espace symbole du Vélodrome de Marseille ! Nous nous étions retrouvés à Don Bosco Marseille vers midi pour faire le trajet à pieds.

Le petit groupe guidé par Raphaël associait des élèves, deux mamans d’élèves et des membres de la direction avec leur famille. La marche vers le stade nous faisait croiser des visages connus, ravis de se retrouver dans une circonstance si exceptionnelle.

Nos échanges au sein de notre petit groupe nous donnaient d’approfondir nos motivations et le sens que chacun donnait à ce rendez-vous de l’histoire avec le Pape à Marseille. Une vraie profondeur spirituelle émergeait avec ces jeunes qui s’interrogent et approfondissent leur questionnement sans rien lâcher, des jeunes qui aiment la vie comme le Pape nous invite à le vivre dans son homélie :

« Nous avons besoin de retrouver passion et enthousiasme, de redécouvrir le goût de l’engagement pour la fraternité, d’oser encore le risque de l’amour dans les familles et envers les plus faibles, et de retrouver dans l’Évangile une grâce qui transforme et rend belle la vie. » Le Pape François se faisait proche de nous, avec ses paroles qui parlent au cœur. Nous étions les témoins de sa force intérieure et de sa détermination que rien ne semble pouvoir atteindre. Sa gravité constante laissait perçait un sourire profond lorsqu’il saluait les foules ou répondait à la joie pleine de reconnaissance de Monseigneur Aveline à la fin de la messe. Quel bonheur d’être là ensemble, en communion et nous aussi pleins de gratitude !

Claire : La messe du Pape au stade Vélodrome a été, pour moi, un moment très fort de partage avec la communauté chrétienne. J’ai été émue par cet incroyable moment de communion avec les 60 000 pèlerins rassemblés, mais aussi par l’ambiance de fête, et par le recueillement qui m’a saisi au plus profond de mon être.

La jeunesse venue de Marseille, et de toute la France, m’a impressionnée par son enthousiasme, sa joie et sa foi.  Je suis fière d’elle.

Je n’ai pas détecté la moindre fausse note au cours de cette exceptionnelle journée et pourtant j’appréhendais beaucoup la foule !

Bravo et Merci au Diocèse de Marseille, aux organisateurs, à tous les bénévoles mais aussi à toi Raphaël d’avoir été notre chef d’orchestre. J’ai été très fière de porter le logo et le nom de l’établissement pendant toute la cérémonie. Merci.

Isabelle : C’était très émouvant d’entendre les paroles d’apaisement du saint père lors de son homélie avec sa voix douce dans cette belle langue italienne. Beaucoup de joie surtout dans ce stade avec une forte impression de fraternité surtout dans ces moments tendus que nous vivons aussi bien au national qu’à l’international. Il nous a rendu un bel hommage en venant sur notre sol, nous les Marseillais qui avons une si mauvaise réputation.

Marie-Laure et Clara : Ce samedi 23 septembre nous avons eu la chance de vivre ma fille et moi-même un moment inoubliable dans notre vie.

Fières de porter les couleurs de Don Bosco, nous avons vécu ce moment de partage, de prières et de joie, on s’est laissé porter par la magie de ce sentiment fort, une légèreté, un bien être, entouré de personnes qui avaient le sourire qui portaient sur eux ce sentiment de bien-être, comme dirait Raf, de PAIX, oui nous étions tous en communion, c’était magique de vivre cela.

Merci au Pape François, de nous avoir fait l’honneur de venir nous rencontrer à Marseille, dans notre stade, c’est à jamais gravé dans nos cœurs !

Et quel bonheur de maman quand le soir dans son lit ma fille m’a adressé ce petit SMS

« Encore merci pour aujourd’hui c’était incroyable c’était une journée inoubliable !!! Tellement contente d’avoir passé ce moment avec toi … Je t’aime » Amen …

Aubin : C’était un magnifique moment de communion. Je suis heureux d’avoir pu y participer.

Quelle ferveur ! Je me demande comment peut-on faire pour la faire perdurer ?

Participantes : Quel bel après-midi de communion, d’émotion et de joie nous avons passé ce samedi 23 septembre 2023 lors de la messe papale, au stade Vélodrome à Marseille.

Ce moment historique, unique et particulier vécu en famille, avec des amis et notre famille salésienne restera à jamais gravé dans nos mémoires et nos cœurs.

Pour nous, pouvoir assister à cette messe papale dans notre ville et apercevoir le Pape François a été extrêmement émouvant et un grand honneur.

Nous avons voulu le partager avec notre famille et nos amis qui n’ont pas pu se joindre à nous.

Nicolas : J’ai assisté à la messe papale dans une tribune un peu à l’écart avec un petit groupe de détenu(es), des aumôniers catholiques et des membres de l’administration pénitentiaire dont certains étaient venus bénévolement sur leur temps libre pour pouvoir assurer la sécurité.

Les impératifs de sécurité exigeaient que nous arrivions les premiers et sortions en dernier.

La fourgonnette des détenus est arrivée dans le parking du stade en même temps que le Président de la République. Je vois passer cet être jupitérien à quelques mètres de moi suivi de ses gardes du corps, de ses conseillers et d’une bonne vingtaine de journalistes.

Lui-même serait sans doute étonné s’il savait que la fourgonnette blanche aux vitres teintées devant laquelle il vient de passer transportait des hommes et des femmes qui vivent en détention.

Nous sommes restés presque quatre heures assis sans pouvoir bouger sur les gradins du stade mais nous n’avons pas vu le temps passer. Pendant la messe règne une paix indicible et l’émotion nous gagne tous. Les détenu(es) sont heureux d’être là sans aucun signe extérieur stigmatisant qui puisse laisser deviner aux autres qu’ils vivent pour un temps relativement à part de notre société. Tous remercient chaleureusement d’avoir pu vivre cette expérience.

Jérémy : Une journée historique qui restera gravée dans nos mémoires. Nous avons vécu un grand moment de partage et d’union. Cette messe a laissé beaucoup de joie et d’espoir dans nos cœurs. Merci au pape François.

Sonia : Je tiens une nouvelle fois à vous remercier pour nous avoir donné la chance de participer à cette journée merveilleuse, emplie de joie et de communion. Merci pour votre investissement et votre gentillesse.

Les jeunes ont partagé comment la rencontre avec le pape a fait écho dans leur vie :

Thibaut : J’ai décidé d’aller voir le pape au stade Vélodrome car en tant que catholique ceci est un événement incroyable, cela faisait 500 ans qu’un pape n’était plus venu à Marseille, J’ai eu l’occasion de voir le représentant de l’église catholique. Ses paroles et sa mentalité sont très respectables car vu son état il est monté jusqu’à Notre Dame De La Garde, il s’est beaucoup investi lors de sa venue à Marseille. Il a célébré la messe au Stade qui est le symbole de notre Ville comme l’a dit notre évêque, il l’a célébrée dans le cœur de Marseille alors on peut dire que le Pape François est baptisé à jamais Marseillais.

La vie en générale est assez rude car nous avons des obligations, on doit se lever tous les jours pour aller travailler pour qu’on puisse vivre. Mais la vie c’est aussi ce qui nous décrit. Les actions que nous faisons ou les paroles que nous disons seront toujours gravées dans l’histoire car chaque seconde qui passe est déjà passée. Alors notre avenir dépend de ce que l’on fait réellement, de ce qui nous semble bien pour nous, un jour une personne m’a dit : « Si tu fais un travail qui te passionne alors tu travailleras plus un seul jour de ta vie ». Cette phrase veut tout dire et je pense bien résumer le message que je veux faire passer et que le pape veut faire passer, le but est de faire le bien pour nous même et le bien pour les autres. La paix doit régner sur le monde c’est à nous de le changer pour que notre avenir soit celui que l’on rêve à jamais.

Avant que mon grand-père décède, ma vie était magnifique car chaque chose que je faisais je la partageais avec lui, puis il y a 7 ans maintenant, il est parti et ma vie n’a pas été toujours facile car depuis ce jour j’ai pu connaître des problèmes de santé et plein d’autre chose. Mais un jour j’ai réussi à sortir de tous ces problèmes qui me tournent autour.

Grâce à mon mental, j’ai pu me remettre d’aplomb comme on dit, j’ai repris le sport, car j’étais champion de judo pendant mon enfance et je le suis toujours aujourd’hui, le sport m’a permis de défouler toute la haine et le mal que j’avais en moi, j’ai repris mes études en main.

En réalité, tout ce que je vous dis ici n’est qu’un mensonge car la seule chose qui compte le plus pour moi c’est mon grand-père, j’ai pu restaurer sa moto, j’ai donc passé le permis pour la conduire, cela m’a donné 3 mois de travail, je travaillais tous les soirs sur cette moto, jusqu’au jour où j’ai fait ma première sortie avec celle-ci.

J’ai repris le judo car mon grand-père Daniel Gigante a été deux fois champions de France de Judo, je suis fier de lui et j’espère qu’il est fier de moi.

Le pape m’a permis de renforcer les liens avec ma famille, avec ma foi. Le pape est une personne comme les autres. Mais il donne tout son savoir, tout son temps pour nous, le pape s’intègre de partout où il passe comme nous avons pu le voir au stade lorsque notre évêque lui a fait son magnifique discours. Marseille c’est A Jamais les Premiers alors le pape aussi est A Jamais LE premier.

Nathan : J’ai très bien aimé le pape c’était une journée cool, j’ai bien aimé la sortie.

Lina : Je suis venu voir le pape car il dit des choses très touchantes et réalistes. Je l’ai déjà vu à Rome en Italie. Je tire beaucoup de leçon de sa visite. Ce qui a été plus compliqué dans ma vie, c’est de faire confiance aux autres.

J’ai appris avec le temps que les amis ne sont pas toujours vos amis, certains d’entre eux vous utilisent ou même vous trahissent, je croyais que le monde était gentil, respectueux mais pas toujours. Certains font des choses qu’ils ne pensaient même être capable de faire, mais l’effet de groupe est très dangereux. Le harcèlement est quelque chose que je ne supporte pas : anéantir une personne alors qu’on peut tous s’entraider, s’unir pour mieux réussir. La rencontre du pape était une réflexion, de l’intelligence.

Zoé : C’était un moment magnifique et historique. C’était beau de voir autant de croyants et de non croyants réunis pour un seul moment magique comme ça. Ma mère a trouvé ça magnifique pourtant elle n’est pas croyante et pourtant elle a apprécié et adorer partager ça.

Nous étions 68 personnes pour représenter le Lycée Polyvalent DON BOSCO MARSEILLE. Merci d’être venus.

Le cardinal Aveline s’adresse au pape François « Cher pape François, comment vous dire merci, les mots ne suffiront pas à vous exprimer l’immense reconnaissance qui monte de nos cœurs au soir de cette inoubliable journée« , a tout d’abord assuré Mgr Aveline.

Vous pourrez lire l’article sur la visite de Mgr Aveline chez nous sur notre site internet :

« Mgr Aveline je suis heureux ! »

R. JANIEC