La rencontre a commencé par la présentation de chaque jeune : son prénom, le quartier ou ville où il habite, le ou les rêves qui les habitent…
Après cette brève présentation, le père Olivier Passelac s’est présenté à son tour : (…) « Je suis dans une communauté religieuse qui s’occupe des œuvres de jeunesse et nous accueillons des jeunes après l’école les mercredis, samedis, dimanches et pendant les vacances, nous les emmenons en colo.
Nous essayons aussi de faire comprendre aux jeunes par le témoignage de notre vie ce que signifie être chrétien, accueillir le message chrétien, pas seulement aller à la Messe et faire de belles prières mais grâce à elles, transfigurer son cœur mais aussi vivre fraternellement avec les autres, s’accueillir, accepter la différence sans préjugés. C’est ça qui nous rassemble. Les trois grandes religions parlent d’une même réalité « Dieu t’aime » et il veut que tu mettes de l’amour dans ta vie. C’est ça qui change ta manière de vivre avec les autres. C’est là où je vis, c’est la plus grande partie de ma vie.
Après je suis disponible pour d’autres choses, Don Bosco ça m’a pris un petit peu, je suis aussi aumônier dans l’une prison pour mineurs à la Valentine. En France, il y a des prisons pour les jeunes de moins de 18 ans. On appelle ça les EPM – les Etablissement Pénitencier pour les Mineurs.
Avant, j’étais aumônier pendant 10 ans aux Beaumettes et maintenant, je m’occupe des mineurs. Il y a 59 places pour les jeunes qui sont incarcérés entre 13 ans et 17 ans. A 13 ans, ça fait jeune. La particularité, c’est que ce sont des prisonniers qui sont petits. Dans la prison, il y a une école où les professeurs viennent etc.. ll y a aussi des éducateurs de la Protection Judiciaire de la Jeunesse PJJ qui les accompagnent et qui sont avec eux.
Les aumôniers sont ceux qui viennent assumer une présence religieuse dans un lieu où les gens ne peuvent pas pratiquer la religion comme dans les hôpitaux, au service militaire, dans les prisons, à l’internat etc…
(…) Ce sont des jeunes qui viennent souvent des quartiers et qui appartiennent à la troisième ou quatrième génération d’immigrés.
Je vais, je tape à la porte et une fois qu’ils ont compris que je ne viens pas pour les convertir, nous pouvons discuter. La majorité sont musulmans et ça les rassure de voir qu’ils n’ont pas à devenir quelque chose d’autres que ce qu’ils sont. J’essaie de leur dire que Dieu est le même pour toutes les religions, il aime tout le monde et il est présent au cœur de la galère. Il est aussi présent au cœur des gens qui sont jugés par les gens comme mauvais parce qu’ils ont fait des erreurs ; aux yeux de Dieu on n’est jamais mauvais. Dieu ne nous dit pas qu’on est con car on a fait des conneries. Mais il nous dit plutôt, je crois en toi et tu peux changer.
Je ne cautionne pas tes erreurs mais tu vaux mieux que tes erreurs, tu peux changer, et tu peux reprendre ta vie en main.
(…) C’est pour ça qu’il y a des aumônièrs en prison et c’est pour ça que les gens nous disent vous vous occupez des coupables mais pas des victimes. Il y a des gens qui s’occupent des victimes. Nous pensons que Dieu est présent pour les personnes qui sont coupables, qui ont fait des erreurs dans leur vie, c’est important aussi.
Dans la Bible, il y a cette phrase qui dit : (…) « je suis venu pour ceux qui sont malades mais non pour les bienportants. » J’ai compris cette phrase de cette manière, Jésus est venu pour dire qu’il était présent pour ceux qui ont le plus de difficultés à mettre de l’amour dans leur vie. Ceux qui ont provoqué le plus de blessures ont besoin aussi de recevoir de l’amour de Dieu car ils se sont le plus éloignés. Ceux qui ont le plus de difficultés ont besoin qu’on s’approche le plus d’eux et qu’on leur dise que Dieu les aime et que Dieu les accompagne.
Si quelqu’un a la vie très belle, si sa vie est un conte de fée, que tout le monde l’aime, c’est facile pour lui. C’est plus difficile quand on a fait des choses et qu’on nous regarde de travers.
Vous aussi, celui qui est différent, celui qui ne pense pas pareil on a la tendance à le rejeter et le mettre de côté. Ce n’est pas l’habitude de Dieu de mettre des gens dans des cases. Toi tu dégages car tu es pourri, mais Dieu nous dit : « je crois en toi je veux que tu donnes le meilleur de toi-même ».
(…) C’est un bon ministère d’aller rencontrer de gens à la prison car ils n’ont pas la vie facile. D’abord, ils sont privés de liberté, ils sont loin de leur famille et ils sont enfermés pendant de longues heures tout seul. Souvent leur histoire et l’histoire des quartiers sont compliquées. Mettre un jeune de 13 à 17 ans en prison est souvent motivé par le fait qu’il a fait de grosses bêtises ou bien c’est une accumulation de bêtises et le juge décide de le priver de liberté car il pense que ça peut être un choc. Donc ces jeunes ont besoin qu’il y ait quelqu’un qui croit en eux et qu’ils peuvent s’en sortir. (…)
R. Janiec