Nous avons eu la joie d’accueillir parmi nous Mme Françoise CALVET, l’une des premières femmes professeures et directrice d’études dans notre maison.

Mme Jacquine DUBROIS a été embauchée la même année et avec M. Xavier PEYRE de FABREGUES, plus deux animateurs et avec M. Paul DUBROIS, nous avons fait l’ouverture des classes de CPPN, classes pré-professionnelles de Niveau (dites aussi prépro), qui ont accueilli des jeunes en difficulté.

Cette rencontre était motivée par le projet intitulé « des racines et des ailes ».  Pour aimer quelqu’un, il faut commencer par connaitre son histoire. Pour accueillir l’esprit de famille tellement cher à notre fondateur, nous avons besoin de nous entourer des témoignages d’hier et d’aujourd’hui.

La rencontre a commencé par le témoignage de vie de Mme Calvet avec la présentation de photos de notre maison.

« J’ai fait ma scolarité chez les Dominicaines du Puy en Velay. Arrivée à Marseille, j’ai fait mes études à la Grande Bastide à Sainte Marguerite donc chez les Salésiennes où j’ai reçu la formation à la pédagogie de Don Bosco. Au début de mon activité, j’étais chez les sœurs de Saint Vincent de Paul. L’ensemble m’a permis de faire un savant mélange. S’il y a des différences, l’essentiel est le même.  En arrivant à Don Bosco, la communauté salésienne m’a fait confiance. Quelquefois le père Doucet me demandait ce qu’était mon travail, et comment j’agissais. Les autres personnes de la maison (laïques et consacrés) m’ignoraient un peu.

J’ai constaté qu’il est  difficile de mettre la théorie en pratique. Ce que Jean Bosco a pu faire à Turin dans les années 1850 demande à être adapté à notre époque.

*          Les connaissances religieuses sont de moins en moins présentes dans les familles.

*          La vie des familles est pleine de difficultés variées, ce qui ne sécurise pas les élèves.

*          L’ambiance générale de la vie quotidienne est angoissante  et orientée vers un bien être personnel.

*          Les exigences des programmes ne se prêtent pas aux activités choisies.

Je pense qu’il y a eu trop de temps avant que l’on prenne en compte les changements que tout le monde peut citer et maintenant la coupure est immense. Dans certaines réunions pédagogiques avec réflexion à ce sujet, certains professeurs décrochaient. Par contre, le passage de  John pendant quelques années a été très positif pour les profs et les élèves. Avec des caractères différents Jean Noël  et Olivier ont aussi été enrichissants. Je ne prétends pas avoir de solutions je pense juste qu’il est indispensable de savoir dans quel endroit on travaille. Et bien sûr de faire de son mieux avec confiance, espérance et prières.

Après une dizaine d’années à l’école technique de filles de Saint Louis comme enseignante en Enseignement ménager  (cours pour jeunes adolescentes, afin de les préparer aux différentes activités de leur future vie de femme, épouse et mère de famille ) on est dans les années 60, l’éducation nationale a décidé de modifier, l’appellation, le but, le programme. C’est devenu Vie familiale et sociale. Voulant ensuite supprimer cette matière, on a diminué le temps d’enseignement et on a donné des heures aux écoles techniques de garçons. Après n’avoir eu que des filles, je n’ai eu que des garçons.

Dire qu’il a fallu s’adapter, c’est une évidence. En 1974, il n’y avait à Don Bosco que des jeunes ou adultes garçons, à part la concierge. Le directeur de l’époque s’efforça de se plier aux nouvelles instructions. Il avait engagé à la rentrée une dame qui lui a donné sa démission aux vacances de la Toussaint. Il y avait donc un poste à pourvoir. A Saint Louis, je n’avais plus qu’un mi-temps. Je suis allée me présenter pour compléter mon horaire. Aucune difficulté, ma candidature a été acceptée pour le retour des vacances.

Début novembre, je tombais dans un monde inconnu. Les élèves ne voyaient pas l’utilité de cette matière. Un prof de math sympa m’a conseillé de parler foot si je voulais communiquer avec eux. J’avoue que je n’y connaissais pas grand-chose. Depuis, j’ai un peu appris. Les profs enfin me voyaient comme un objet curieux. D’autres me conseillaient, d’autres comme les élèves se demandaient combien de temps je pourrai rester. Dans certaines classes j’ai réussi à les apprivoiser, à communiquer, à parler différemment que les autres profs.

Puis, le directeur a changé, le lycée a augmenté son effectif et il a fallu engager d’autres profs dont des femmes. Je n’étais plus seule. Peu à peu je participais davantage aux conseils de classe, aux réunions. Les élèves étant nouveaux, ils n’étaient pas surpris de voir des femmes enseignantes. J’ai donné mon avis sur certains points : la propreté des classes, l’accueil des parents, la cantine.  La mentalité a évolué. Les profs hommes qui arrivaient avaient une façon d’être. Les femmes étaient plus nombreuses. La façon de communiquer devenait moins bourrue. Certains enseignants avaient travaillé dans des milieux très masculins et  misogynes : ateliers de mécanique, l’armée. ..  L’ensemble des enseignants a donné un autre ton, d’autres idées.

Quelques élèves filles sont arrivées, des postes, jusque-là masculins ont été pris par des femmes. La pédagogie prenait plus de place. Les profs du technique ne tenaient pas tellement compte  de l’avis des profs d’enseignement général. Dans l’enseignement technique, il faut évoluer avec les changements de la technique. Les cours d’imprimerie ne sont plus comme avant. Progressivement, j’ai pris plus de responsabilité. Les échanges avec les autres enseignants, sont devenus plus riches et plus intéressants.

Ensemble nous avons fait de notre mieux pour que les élèves comprennent l’intérêt des échanges, de la mixité et le respect des autres.»

Premières élèves filles

Parmi les métiers enseignés à Don Bosco et qui n’existent “presque” plus, on peut citer : les tailleurs, les cordonniers et les relieurs, les typographes et linotypistes, les fraiseurs, tourneurs et ajusteurs.

Selon M. Labat Sorel, ancien élève et ancien professeur à Don Bosco « ( …), il situe l’année de mixité à l’école à 1990-1991. Voici de mémoire, les noms des premières filles : Pascale POLI ; Isabelle GAUDE ; Céline MASSOT ; Karine TOUREL ; Christine JAUBERT. »

Tout a commencé par une demande pressante de la famille POLI qui tenait absolument à faire entrer leur fille à Don Bosco, car leur fils Dominique POLI (grand frère à Pascale) était déjà en section “Imprimerie”. Monsieur BROUAT a donc accepté, mais ne voulant pas recruter une fille seule, il a donc élargi à d’autres inscriptions féminines cette même année. »

Donnons la parole aux jeunes

Luciana : Ce qui j’ai compris, c’est que les femmes n’ont pas toujours été les bienvenues à Don Bosco. L’histoire de notre école est très intéressante. Je voudrais la rencontrer une autre fois car ça pourrait être très intéressant. La rencontre était INTÉRESSANTE, ENRICHISSANTE car on a appris quand même un grand nombre de choses.

Emilie : Je retiens les anecdotes qu’elle avait racontées quand elle enseignait encore au Lycée. Notre établissement a beaucoup changé, il a évolué. Je serais ravie de revoir Mme Calvet. La rencontre était NOSTALGIQUE, DRÔLE, PASSIONNANTE.

Liam : J’ai retenu que Mme Calvet est une femme très courageuse et gentille. Je trouve que c’est un bon établissement avec beaucoup d’options. J’aimerais bien faire la rencontre de nouveau car c’était très intéressant. La rencontre était INTÉRESSANTE, ENRICHISSANTE, BIEN.

Rosalia : C’est beau nous avons rencontré la première femme prof à Don Bosco. C’est un bon établissement car certains profs nous  mettent sur le chemin de la confiance. Je voudrais rencontrer de très anciens élèves. La rencontre était : HISTORIQUE, MONUMENTALE, MAGIQUE.

Sylvia : J’ai compris que notre école à certaine époque était constituée uniquement de garçons et que Mme Calvet était la première femme embauchée à Don Bosco. Il y avait aussi une femme concierge.  C’est très important de connaitre notre passé car ça influe sur notre comportement plus tard. Une autre rencontre avec Mme CALVET, pourquoi pas.

Anaïs : Ce que j’ai retenu de la rencontre c’est qu’enseigner à son époque ce n’était pas une tâche facile car il y avait que des garçons comme élèves et les professeurs étaient des hommes. Les élèves n’écoutaient pas les cours, ou seulement quand ça les intéressait. Je ne trouve pas ça important quelle image avait notre établissement dans le passé. Je voudrais encore rencontrer Mme Calvet pour qu’elle continue à raconter son histoire à Don Bosco. La rencontre était : INTÉRESSANTE, ORIGINALE, HISTORIQUE.

Mathéo : J’ai compris que les choses qu’on faisait à l’école auparavant étaient différentes. L’école pour moi c’est un endroit où nous apprenons des choses dans un but professionnel ! ! Ça serait intéressant d’avoir un point de vue différent avec d’autres anciens élèves. La rencontre pourrait se résumer en trois mots : PROFESSEUR, ANCIEN, DIFFÉRENCE.

Émilie : Je ne me rappelle plus de quoi nous avons parlé mais je voudrais bien rencontrer Mme Calvet une autre fois. La rencontre était : BIEN, ÉMOUVANTE, HISTORIQUE.

Evan : Mme Calvet c’est la première femme prof à Don Bosco. J’ai compris qu’il faut suivre les règles. Je ne voudrais pas rencontrer de nouveau Mme Calvet car mon père était ici il y a 35 ans et il me raconte la vie des jeunes de l’époque. La rencontre était une DÉCOUVERTE, NOUVEAUTÉ.

Nathanaëlle : Honnêtement, je n’ai rien retenu mais je me souviens juste de ce à quoi ressemblait notre établissement avant. Parfois, j’ai impression que nous pouvons être coincés entre le passé et le présent.

Marie Louise : C’était enrichissant, elle était gentille. Notre établissement donne une image d’une école très cool. La rencontre était LONGUE, CALME, SYMPATHIQUE.

Léa : Ça m’a plu quand elle nous a parlé de sa première rencontre avec les élèves. C’est très important de connaitre le passé de notre établissement. La rencontre était INTÉRESSANTE.

Eva : Mme Calvet nous a parlé du comportement des élèves à son époque. L’image que dégageait notre établissement est celle d’un établissement correct qui accepte tout le monde sans faire de tri.

Nous remercions Mme Calvet pour sa disponibilité et nous continuerons d’accueillir d’autres témoignages pour que notre projet «  des racines et des ailes » prennent plus de couleurs.

Nous remercions aussi M. Labat Sorel pour son aide précieuse et apprécier pour retracer l’histoire de notre établissement.

R.JANIEC